SAINT-LAURENT-DE-LA-PRÉE Olivier Coche-Dequéant fabrique des girouettes pour des clients de tout le pays.
Autrefois parachutiste de l’armée, il est passé des airs à son atelier, mais toujours en se préoccupant du vent
DANS LE VENT (3/6) Cet été, « Sud Ouest » part chaque jeudi au gré du vent, à la rencontre de ceux qui en vivent, qui en jouent, qui s’en amusent.
Ça va souffler
Au fond de son petit atelier tout en longueur, Olivier Coche-Dequéant grimpe sur la mezzanine et récupère un objet en acier, quelque peu usé par l’âge. « Voilà, c’est la première girouette que j’ai réalisée ! », s’exclame-t-il. Le ferronnier la pose fièrement sur sa table de travail et recherche la pièce maîtresse qui a permis sa création : le patron en papier de ce bateau bercé par les vagues, qui font office de flèches vers les quatre points cardinaux de la girouette.
C’est en 2002 qu’Olivier ouvre son atelier de ferronnerie à Saint-Laurent- de-la-Prée (1). Pourtant, ce métier, il l’a choisi dès sa majorité, quand il vivait encore dans le nord de la France. « J’ai fait des études pour être ferronnier mais toutes les usines fermaient dans les années 1980. J’en avais marre d’être au chômage, alors je me suis engagé dans l’armée après mon service militaire », se souvient-il.
Pendant vingt ans, il travaillera pour l’armée de l’air, d’abord comme parachutiste, puis comme instructeur à la base aérienne de Rochefort. À l’aube de ses 40 ans et de sa retraite militaire, il décide de reprendre son activité sans jamais avoir vraiment pratiqué. « Quand on m’a commandé la première girouette, je ne savais même pas comment m’y prendre, rigole le ferronnier. Ma femme, qui a un meilleur coup de crayon que moi, m’a aidé à faire les patrons.»
Travail de longue haleine
Pour chaque création, Olivier répète par cœur les mêmes gestes. D’abord, il faut découper la taule d’un mètre carré, en suivant au centimètre près le croquis. La scie sauteuse et même le laser ont remplacé la tenaille du début, « trop difficile à manier ».
Ensuite, il doit affiner tous les détails de l’œuvre décorative avec des limes.
Le plus dur selon le professionnel, ce sont les poils ou les yeux. « On me demande des commandes très spécifiques. Les clients viennent avec une photo de leur chien ou un portrait de leur petit-fils, et je dois reproduire les contours d’un visage ou d’un corps. Imaginez celui d’un hérisson !
Ça demande beaucoup de patience », admet-il en feuilletant son classeur où il répertorie toutes ces girouettes. Mais cette personnalisation, Olivier Coche-Déquéant y a pris goût et imagine maintenant des paysages et des situations, pour ne pas rester dans le classique. On peut ainsi commander une girouette avec une noisette en guise de flèche et l’écureuil qui la regarde, ou un poisson pêché
à la ligne. Une fois la forme découpée, il faut souder l’ensemble. L’axe de la girouette est posé sur une bille pour éviter les frottements et ne pas altérer ses mouvements. Plus qu’un coup de peinture et l’objet de 40 cm de haut pour 30 cm de large est prêt. Pour réaliser une girouette, il faut deux jours complets au ferronnier de 53 ans.
Éviter les courants d’air
Olivier fabrique une dizaine de girouettes par an, selon les commandes, souvent pour la période de Noël. « C’est un cadeau original et très personnel. J’ai des clients dans les quatre coins du pays et même en Suisse », calcule-t-il. Pour s’offrir une girouette, il faut quand même y mettre la somme : 315 € pour chaque modèle. Une fois qu’elle est vendue, le ferronnier n’oublie pas de conseiller ses clients pour qu’ils positionnent au mieux l’objet décoratif : « Pour que la girouette indique le mieux la direction du vent, il faut à tout prix éviter les courants d’air entre deux bâtiments et la mettre en hauteur. » Des mesures de bon sens mais qui ne sont pas forcément évidentes quand on ne connaît pas le vent. « Parfois, les gens la posent à un endroit où des vents sont dominants. Du coup, ce qu’ils voient est faussé », précise-t-il. Alors que la construction de girouettes était son activité principale il y a encore quelques années, Olivier travaille surtout sur le mobilier d’intérieur désormais : verrière, garde-corps de fenêtre, enseignes professionnelles, noms de maison, etc. Il a diversifié ses créations pour faire face à la « demande cyclique » en girouettes.
Forcément…
« Quand j’ai fini, je lui parle… »
Il n’empêche que les petits objets qui tournent au vent restent sa partie préférée du métier. Peut-être parce qu’ils lui rappellent son passé de parachutiste. « C’est vrai que, à l’époque, le vent était très important dans mon métier. Il faut savoir se mettre bien dans son sens, et pour les girouettes, c’est pareil ! », rigole-t-il. La relation, un peu tirée par les cheveux, n’est pas si bête. « Une fois que j’ai enfin fini une girouette, je l’essaye dehors et je lui parle… », avoue Olivier avec une pointe de gêne. L’autoentrepreneur explique avec humour les considérer comme « vivantes », du fait de leurs mouvements.
(1) Ferronnerie d’art, 70, chemin du Puits
à Saint-Laurent-de-la-Prée.
Renseignements : 06 06 63 59 64
ou sur le site internet
www.ferronnerie17.fr.